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Dans leur atelier de la rue Bitche, l’Atelier Polyhedre, Baptiste Ymonet et Vincent Jousseaume laissent libre cours à leur créativité qui mêle jeu et rigueur.

Terre, moules et étranges outils habillent l’espace…en somme, tout est réunit ici pour que l’on devine ce qui s’y trame. Sur l’étagère, s’exposent des objets qui arborent des formes à la fois identifiables et singulières. Vincent et Baptiste les mains dans la terre s’accordent une pause, le temps de nous initier à leur vision de la terre cuite. Issus des Beaux Arts, ils nous expliquent leur manière d’aborder leur métier : « Nous envisageons un medium en fonction de ce que nous avons envie d’exprimer, pas l’inverse. Tous deux sont d’accord sur le fait que leur création n’est pas le résultat d’une exécution, mais bien d’un processus créatif, régit par l’esprit du moment et beaucoup d’intuition. « N’ayant pas suivi un parcours spécialisé dans la céramique, nous n’avons pas les méthodes, nous les apprenons et les inventons aussi parfois… ».

La plupart de leur projet né d’un dialogue, d’une histoire, de mots ; puis vient le dessin qui pose la technique et la terre qui met en volume. Vincent et Baptiste s’adonnent à une sorte de jeu intellectuel ; un jeu avec des règles, tout de même, strictes pour s’imposer rigueur et qualité. Le café avalé, tous deux s’amusent à nous présenter leurs créations. D’un côté nous observons des formes très minimalistes et géométriques, de l’autre des lignes plus baroques et anatomiques.

« Nos objets s’opposent, certains sont strictes, d’autres plus précieux se rapportant à un cabinet de curiosités ».

Des notions antagonistes se confrontent et se réunissent. Les séries d’objets produites sont le plus souvent limitées à huit exemplaires et numérotées. Mais au delà de cette numérotation, toutes leurs créations ont un nom. Parmi elles, « Le service Chantilly », où la crème fouettée, le débordement et l’écoulement sont reproduits, et « La Creamy Cup », une tasse comme fondue sur sa soucoupe, deux séries où la matière molle est retranscrite figée par la céramique.

Dans un autre genre, « La Boîte crânienne » n’est autre que la reproduction d’un crâne qui revêt la fonction de boîte… « Les noms permettent de donner du sens à l’objet, de le finir en quelque sorte. »

Vincent et Baptiste partent des standards, des objets banals et s’en amusent en les revisitant, en altérant les symétries. Entre l’art et le fonctionnel, la créativité est ludique tout en se ponctuant de préciosité. Artisans de la terre, les deux compères nous ont offert, le temps d’une visite, une vision contemporaine et grinçante de la faïence, une dimension poétique qui re-questionne les objets de notre quotidien.