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L’oeuvre pérenne du parcours Estuaire exhibe des chambres d’artistes où l’étrange s’invite à l’heure du conte.

À Saint-Jean de Boiseau, au cœur d’un parc verdoyant, sur sa butte, le Château du Pé, datant du XVIIIe siècle, invite aux rêves. À la fois place culturelle et gîte d’étape, cette folie nantaise de six chambres dévoile un univers sibyllin ; comme un conte de fées, une fois la porte franchie, chaque chambre a son histoire à délivrer. Imaginées par six couples d’artistes, elles exhalent leur fantaisie et leur secret à peine leur nom évoqué.

Dans La Grande Question, Bevis Martin et Charlie Youle ont imaginé un bas-relief qui court sur les murs pour explorer le mystère de la vie. Organes reproducteurs d’une fleur, évolution d’un fétus de chien, d’une larve de poisson et naissance d’un arbre, les artistes puisent dans l’imagerie des livres d’école pour raconter la vie. Sarah Fauguet et David Cousinard ont, quant à eux, investi un plancher de tomettes en chêne pour y installer un lit. C’est donc sous le sol que l’on se couche et au pied d’une immense et sculpturale cheminée. Le Saturnia Pyri, papillon de nuit en voie de disparition a donné son nom à cette chambre ; les motifs relevés sur ses ailes ont été repris sur la marqueterie de la pièce. Cette atmosphère étrange et mystérieuse se prolonge dans There Was a Bad Tree, une chambre qui abrite un miroir réplique d’une fenêtre diffusant un poème. À la différence de la fenêtre ouverte sur l’extérieur, les artistes John Giorno et Ugo Rondinone en ont fait un véhicule à l’introspection.

Dans Antichambre, de Frédéric Dumond et Emmanuel Adely, les murs deviennent des lits, secrétaire, niches ou placards. C’est un lieu à activer, une page blanche à remplir. Tandis que la chambre rouge d’Eva & Adele appelle au désir et symbolise à la fois le danger et la fascination avec une oeuvre murale purement conceptuelle. Nebelglanz ou « brouillard de clarté » tel est son nom. Enfin, Moriceau et MRZYK explorent nos rêves et cauchemars qui colonisent véritablement les murs de noirceur, et enferment d’étranges insectes dans des boites. Papillons de nuit, scarabées irisés et mygales… Ils émerveillent et effrayent à la fois tandis que les chevets hommes barbus se rient de nos nuits. Est-il bien prudent d’envoyer des messages aux extra-terrestres ?L’espace se questionne lui-même.

Une chouette hulule, le parc du château s’endort, si vous tendez plus l’oreille, les couloirs semblent souffler : « il était une fois… ». La suite vous la rêverez dans une des chambres du Château du Pé.

 

www.chateaudupe.fr

Rédaction : Gina Di Orio / Photos : Bernard Renoux