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Jérôme Maillet, alias Jeronimo, habille de ses œuvres la rue, son terrain d’exposition préféré.

À la terrasse d’un café, sur les quais de l’île de Nantes, c’est là que nous le rencontrons ; ces bords de Loire qui délimitent un territoire insulaire qui l’avait déjà inspiré, il y a une dizaine d’années lorsqu’il peignait des portraits d’îliens pas toujours au courant du projet « île de Nantes ».

Un séjour de deux ans et demi à Dakar l’éloigne de Nantes et marque la reprise de ses productions artistiques et la coupure avec son métier d’architecte. Le déracinement donne un nouvel élan au côté artistique qu’il exprimait en école d’art avant son cursus d’architecte. À Dakar, ville bouillonnante, Jeronimo entreprend une série d’expositions avec Jérôme Désert, peintre français installé en Belgique. Ils mixent leurs travaux en conservant chacun leur style et hissent des visages de papier sur les murs d’immeubles dakarois comme pour les élever vers le ciel et leur rendre hommage.

Linogravure, peinture, collage, sérigraphie, typographie… Jeronimo ne se limite à aucun vecteur d’expression artistique et artisanal avec la ville comme décor, ce paysage urbain où se posent ses images. « Je n’ai pas envie de faire des choses dans un contexte fermé, la rue permet une lecture de l’art plus populaire. ».

Jeronimo fait des séries limitées, sans pour autant se donner de limites afin de ne pas se poser trop de questions qui pourraient refreiner, selon lui, la créativité. Son inspiration vient du quotidien, des petites rencontres, des petites choses parfois anodines.

Nous remarquons que ses œuvres sont uniquement figuratives, des visages d’hommes aux traits précis. « Les portraits me plaisent vraiment. Les visages permettent d’humaniser une production, le regard s’y accroche plus facilement.».

Depuis son retour à Nantes, Jeronimo s’intéresse au grigri, il travaille sur cette thématique. Le grigri à l’européenne, sous forme de superstitions, de petites habitudes, de manies, ou d’objets qu’il faut posséder à tout prix et de choses qu’on se sent obligé de faire pour être bien et rester équilibré. Pour Jeronimo ces grigris sont l’expression même d’une individualité qui souhaite se protéger. L’humain dans toute sa complexité et ses croyances intimes le fascine en tant qu’artiste. Plutôt que de les interroger, il œuvre en observant ces individualités. Plutôt que de chercher à connaître leur histoire, il leur en invente une sur la base d’éventualités. Ce peut être un collectionneur, une personne aux rites quotidiens spécifiques, un fan de numérologie…ce peut-être vous ou nous. Car nous possédons tous des grigris.

Là, nous levons les yeux au ciel et pensons – très certainement à la même chose – à ce petit Bouddha en verre accroché aux clés de la rédaction… Alors que nous allions nous trahir et passer aux aveux, traverse, près de notre table, ce monsieur, que nous voyons souvent sur le Quai François Mitterrand ; il balade son pigeon dans une cage de transport pour animaux de compagnie. Peut-être l’avez-vous déjà croisé ? Nous ne le connaissons pas, mais comme un clin d’œil à Jeronimo et à toutes ces personnalités qui l’inspirent, ce ne peut être une coïncidence. Ce « monsieur au pigeon » pourrait bien être la muse de l’une de ses prochaines séries de portraits « grigri »… NDLR : Cet article n’a pas été écrit le vendredi 13 mai. Ouf.

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Rédaction : Gina Di Orio // Photo : Damien Gillet

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Visitez son site web ici : www.jeronimo-dk.com

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