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Le château de la Balinière de Rezé fait partie de ces lieux où l’on se verrait bien vivre… Si ce ravissant manoir abrite aujourd’hui l’école de musique et de danse municipale, il ne fut pas toujours dédié à Terpsichore, Euterpe et Erato…

La Balinière est une de ces audacieuses folies si nombreuses dans la région : Edifiée au XVIIIe siècle par les Bourgault-Ducoudray, famille de la noblesse nantaise, la bâtisse connut pendant les siècles suivants des fortunes diverses, pour être rachetée par la ville de Rezé en 1987 et magnifiquement restaurée à la fin des années 1990.

C’est à l’Époque du roi Henri IV qu’un bâtiment fut construit sur le site de la Balinière, nom du ruisseau qui prend sa source à Rezé pour finir sa course dans la Loire. On sait finalement assez peu de choses de cette demeure originelle, vraisemblablement érigée par Poullain, seigneur de la Bretesches, si ce n’est qu’elle changea de propriétaire en 1692 : Jacques Hannepier, opulent commerçant Nantais, entreprit de la transformer assez radicalement. Puis, Guillaume Bourgault, né à Nantes dans les années 1730, négociant, armateur et échevin, fit démolir l’ancien bâtiment pour faire édifier entre 1775 et 1788, la folie telle qu’on peut l’admirer aujourd’hui, ainsi qu’une chapelle dédiée à Sainte-Anne et bénie en 1778.

Durant la Révolution française et la guerre de Vendée, la folie fut utilisée comme poste militaire républicain, et refuge pour les « Bleus » ces soldats de la République opposés aux « Blancs », royalistes à la bannière blanche. Malgré les combats proches, la Balinière fut épargnée.

Au cours du XIXe siècle, la Balinière changea encore plusieurs fois de main, au gré des héritages et des dots : début XIXe, Louise Bourgault, petite-fille de Guillaume Bourgault et fille d’André-Charles Bourgault, alors propriétaire du domaine, se maria avec Charles Sarrebourse d’Audeville, négociant négrier de la région Nantaise. Louise apporta en dot la Balinière. En 1860, au décès de Charles, la Balinière fut vendue à la famille Leglas-Maurice, célèbre à Nantes pour son entreprise d’ébénisterie. C’est ensuite Léon Jamin, héritier du fabricant de meubles, qui reprit le flambeau : sénateur et président du Conseil général, il décida de faire aménager une immense et luxueuse salle de réception au rez-de-chaussée, destinée à accueillir des fêtes fastueuses.

La Balinière subira encore les affres de l’histoire, pour devenir hôpital militaire et lieu de convalescence des soldats blessés pendant les guerres de 1870 et 1914.

Elle sera réquisitionnée par les Allemands en 1940, qui en feront leur quartier général et un lieu de repos. Après ces nombreuses turpitudes, la fille de Léon Jamin, unique héritière, récupèrera son bien, pour y vivre jusqu’à sa mort au début des années 1950. Une partie du parc est alors vendue, pour permettre la construction de la première cité Castor, la « Claire cité », dont le chantier démarrera en juillet 1950, pour s’achever en 1954.

Il faudra attendre les années 1980 pour que des promoteurs s’intéressent à nouveau à la Balinière, avec pour dessein de… la raser ! La municipalité s’oppose à ce projet de destruction de son patrimoine historique et finit par faire sien le bâtiment en 1987. L’extraordinaire jardin à la française sera méticuleusement rénové, en suivant le plan du XIXe siècle, offrant un superbe lieu de promenade, parmi les roses et les végétaux sculptés. Puis, la ville décide d’installer le centre musical et chorégraphique : fin 1999, l’Ecole emménage définitivement dans cet autre lieu unique ligérien dédié aux arts.

Rédaction : Lydia Mammar // Photo : Damien Gillet

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