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Expérience plus que riche que celle de se rendre à l’opéra de Wien (Vienne) en Autriche un vendredi soir pour aller déguster l’œuvre de Mozart : “La Flûte Enchantée”

La représentation est «sold out», c’est-à-dire que l’on joue à guichet fermé, ou presque. Une entrée, à l’arrière de l’opéra permet aux personnes de passage ou peu fortunées de se procurer un ticket d’entrée entre 3 et 4 €.
Une aubaine pour pouvoir écouter et voir un chef-d’œuvre du compositeur autrichien prodige

Ticket en main, le spectacle commence dès le hall d’entrée. Les Viennois se font beaux pour aller à l’opéra. Parfumées et perchées sur des talons hauts, les Viennoises déambulent en souriant. Les hommes, assurés, les accompagnent d’un bras vigoureux dans un mélange perceptible de fierté. La lisse de la peau fraîchement rasée brille en réponse aux soies des cravates. Les reflets de lumière sur les pointes des souliers dansent déjà du bonheur d’être en fête, sortie de leur écrin en carton, toute la semaine bien rangé.

Le personnel de l’opéra, de bleu marine vêtu, coordonne la mise en place des hôtes, avec une fermeté nordique, prévenant toutes possibilités d’apparition d’un grain de sable dans un engrenage lubrifié à l’huile chaude.

Les loges se remplissent une à une comme des cellules d’une ruche vrombissante de murmures et d’impatience à la levée du soleil.

Dans les espaces reculés réservés aux touristes surtout, on prend ses marques, on observe.

Les petites jumelles sortent de leurs goussets de peau. Silence. Le rideau s’ouvre et le spectacle commence.

Le début est solennel et presque rigolo aussi avec l’apparition d’un grand serpent en papier mâché. On est entre Godzilla et le Nouvel An chinois sur un adagio sombre.
Petit à petit, on pénètre l’univers, les personnages sont attachants, surtout Papageno, interpréter brillamment dans les subtilités d’un homme joyeux et résigné.
On est littéralement happé par l’histoire, la justesse du récit, l’ivresse de la musique et la splendeur des voix. C’est fabuleux. Il est de ces moments, comme en parle Rimbault au sujet même de l’opéra, où l’on décolle de la terre pour entrer dans un royaume de poésie.
C’est incroyable et pour le coup super pratique de décoller puisque j’ai marché toute la journée et mes jambes se font lourdes.

Puis viennent des moments saisissants, comme l’air de la reine de la nuit, célèbre et incompréhensible… Incompréhensible, car je ne parviens toujours pas à concevoir que des sons si purs et si transcendants sortent de la bouche d’un être humain.
Un autre moment étonnamment puissant est la rencontre de Papageno et Papagena, c’est simple, sincère, drôle, juste, déjà présageant de désaccords, mais se basant sur un amour inconditionnel, c’est splendide et humain. On n’est pas dans le mythe du prince charmant, on est dans le don et la compréhension, l’amour quoi !

Je suis sidéré de la complexité de l’œuvre.

Merci Vienne. Si Paris vaut bien une messe, un moment comme celui-ci vaut bien quelques kilomètres.

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Une traversée de l’Europe d’aujourd’hui à moto, en solitaire par Stéphane Lemaire

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