Jorge Selarón, un artiste chilien, a transformé un escalier de Lapa – quartier de Rio de Janeiro (Brésil) – en le décorant de petits carreaux, appelés « Azulejos », qu’il renouvelle régulièrement pour rendre ce passage fantaisiste et mouvant. Un artiste qui tire la langue à l’art…et à la vie !
Au Brésil, en plein cœur de Rio de Janeiro, se trouve le quartier de Lapa. Cet endroit, connu pour ses travesties et ses nombreux bars où les Cariocas aiment se retrouver et festoyer ensemble, est devenu un des passages touristiques incontournables de la ville brésilienne, notamment grâce à Jorge Selarón. En 1990, cet artiste chilien a voulu rendre hommage au peuple brésilien en décorant les 215 marches d’un grand escalier – qui relie Lapa à Santa Teresa – avec des « azulejos » (carreaux de faïence émaillée) aux couleurs du drapeau brésilien : vert, bleu et jaune.
Le paradis des collectionneurs de carreaux
En 1998, alors que sa création touche à sa fin, il découvre un magasin où des « azulejos », anciens et européens, sont vendus pour les collectionneurs et décorateurs. « J’ai été impressionné ! Il fallait que j’en achète, même si c’était un par un », révèle l’artiste. Cependant, en retournant à l’escalier, Jorge Selarón constate que ses trouvailles n’ont plus place d’être. C’est à ce moment qu’il a une idée qu’il juge « inédite» : changer régulièrement les « azulejos », transformant son œuvre en « une oeuvre d’art vivante », comme il aime l’appeler.
Avec le temps, l’escalier se fait connaître et des « azulejos » lui sont envoyés du monde entier ; certaines des pièces sont estimées à plusieurs centaines de dollars.
Aujourd’hui, ce passage est devenu une vraie collection de carreaux, avec plus de 2 000 unités venues de 120 pays différents : Portugal, Espagne, Angleterre, Italie, Liban, Pakistan, Canada, E.U, Mexique, Thaïlande, Tchécoslovaquie et bien d’autres.
L’oeuvre de toute une vie
Le 7 décembre 1999, Jorge Selarón crée son propre « azulejo » en y faisant figurer la fameuse femme enceinte – qui apparaît dans tous ses tableaux depuis 1977 suite à « un problème personnel ». Depuis ce jour, il a continué à la peindre sur des carreaux – plus de 300 d’entre eux sont exposés sur l’escalier – et parfois son visage est remplacé par celui d’une personne ayant participé à l’histoire du Brésil – compositeur, chanteur, écrivain, sportif, journaliste, présentateur, commerçant, etc. – ou celui d’un de ces amis, ou voisins, qui l’a soutenu dans cette œuvre d’art « réalisée avec tant de sacrifices, d’obsessions et d’amour ». Et cette aventure, Jorge Selarón compte bien la mener jusqu’au bout : «J’arrêterais ce rêve fou et inédit seulement le dernier jour de ma vie ».
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Rédaction : Céline Galbrun
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