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Nous partons à la rencontre des Bishnois, un peuple indien qui vit de manière totalement écologique depuis le XVèmesiècle. 29 règles régissent leur vie quotidienne, transmises de génération en génération. Aujourd’hui confrontés à la réalité de la vie moderne, ils doivent se battre pour conserver leur mode de vie traditionnel.
De la route goudronnée aux chemins de terre, nous arrivons en plein champs et apercevons au loin une petite maison. Nous sommes aux portes du désert du Thar dans le Rajasthan, au Nord de l’Inde. L’homme de la maison arbore un grand sourire et s’empresse de se coiffer de son turban blanc, signe de reconnaissance des Bishnois. Ni une ni deux, nous voici installés à l’ombre d’un arbre, dégustant un tchaï, thé traditionnel indien.

Toute la famille nous entoure maintenant, rires et regards intrigués fusent. Comme tous les Bishnois, Keshuram est fermier. Très rapidement, nous entrons dans le vif du sujet : leur mode de vie et ces fameuses 29 règles, dictées par leur gourou Ambaji. Outre le rythme de la vie quotidienne (bain matinal, méditation, prière…), ces préceptes guident la conduite morale des Bishnois. Ils leur interdisent tout vice tels que la convoitise, le vol, le mensonge, et, ils les poussent à agir en faveur de l’équilibre entre les êtres vivants, comme protéger et nourrir les animaux sauvages.
Le végétarisme est essentiel, les Bishnois respectent toute forme de vie, «  Est-ce que tu concevrais de manger ton propre fils ? Pour nous, c’est la même chose, tous les animaux sont nos enfants ». De même pour les arbres, en couper un est un acte criminel. Keshuram explique, « les arbres cachent du soleil, donnent des fruits, de l’oxygène, ils te protègent alors tu dois les protéger à ton tour… ». Comment alors penser à détruire ce qui maintient la vie ?
Une histoire est devenue un exemple du dévouement extrême des Bishnois pour les arbres. Vers 1700 ils tentèrent d’empêcher le Maharaja Ajit Singh de couper du bois en entourant les arbres de leurs bras. Plus de 350 personnes furent tuées. Cet événement a marqué toute la communauté Bishnoi, et reste un symbole fort de leur combat.
Aujourd’hui, une loi les protège et interdit de couper un arbre ou de tuer des animaux sauvages. Mais il est courant que quelqu’un menace d’entraver cette règle, « Nous tentons de l’en empêcher en le dissuadant par la parole », mais si celui-ci s’obstine « nous en venons aux mains et pouvons aller jusqu’à le tuer ». Protéger la vie envers et malgré tout, en allant jusqu’à la détruire si celle-ci menace l’équilibre général…
Keshuram nous confie son inquiétude pour le futur “Si les hommes continuent à couper les arbres, il n’y aura plus d’oxygène et plus de vie”. Conscient des autres dangers qui guettent la planète, il aborde également le problème des sacs en plastique, un vrai fléau en Inde, et les ondes des téléphones portables. Malgré tout, la modernité vient à eux, avec son lot de tentations matérielles. Les enfants portent jeans et t-shirts, tandis que l’adolescent de la maison arbore fièrement son téléphone portable. Ce peuple a réussi à garder intacte ses convictions et à vivre des décennies en parfaite harmonie avec la nature, mais pour combien de temps encore…

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Rédaction : Sophie Trentesaux, correspondante Idîle en Inde // Photo : Yannick Leboeuf

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