Vases rétro, partitions anciennes, catalogues d’exposition désuets… l’atelier d’Agathe Arari inspire un retour de chine. Tous ces objets partagent un même destin très poétique : passer sous les mains de l’illustratrice pour se parer d’un nouveau dessin. Ce recyclage esthétique, cette renaissance artistique, Agathe Arari en a fait sa spécialité sous un nom si bien choisi : Malinki.



Malinki c'est voir "petit", ralentir la production, prendre le temps de faire des choses de qualité pour raviver la beauté d'un objet déjà usagé.



Quel est ton parcours ?
J’ai étudié aux Arts Décoratifs de Paris dans la filière la plus artisanale de l’école : “image imprimée”. On y apprend l’art de la sérigraphie et de la gravure. Après mes études, j’ai travaillé chez Chanel en tant que visual merchandiser. Avec toute l’équipe, j’étais chargée de créer les différentes vitrines de la marque. Et puis, j’ai suivi mon compagnon à Budapest. Nous devions rester 6 mois et finalement ce séjour a duré 1 an avant de rejoindre son pays d’origine, la Russie. Nous nous sommes donc installés quelque temps à Moscou. Là-bas, j’ai trouvé un poste de professeur d’arts plastiques dans une école privée. Et, je suis tombée enceinte. C’est un peu le déclencheur de tout ce que je fais aujourd’hui avec Malinki.
Raconte-nous ce déclic
J’ai du arrêter de travailler au bout de 5 mois de grossesse. J’ai eu beaucoup de temps libre. C’est à ce moment que j’ai recommencé à dessiner. Cela faisait longtemps que je n’avais pas créé pour moi. Une galerie parisienne m’avait également re-sollicitée à cette époque pour voir mon travail. C’est tout cela qui m’a motivée à reprendre les feutres. Il faut avouer que j’étais perdue dans cette grande ville qu’est Moscou ! Je ne savais pas du tout où m’approvisionner en matériel pour dessiner. J’ai donc commencé à dessiner sur des emballages. Les cartons de biscottes et de céréales sont devenus mes supports favoris. Je découpais chaque emballage et je dessinais du côté carton. Finalement, c’est un très beau papier, épais et avec un effet de matière intéressant. Et puis, une fois encadré on n’y voit que du feu !
Pourquoi produire plus alors qu'on peut ré-utiliser ?
C'est donc le réemploi d'objets du quotidien qui a motivé ta démarche ?
Oui, pourquoi produire plus alors qu’on peut ré-utiliser ? J’ai toujours prôné le ré-emploi, une consommation alternative. Et, il faut dire que cette culture est très ancrée en Russie, du moins dans ma belle-famille. Le gaspillage n’a pas sa place. Tout a potentiellement une seconde voire une troisième vie. C’est pour cela que le mot “Malinki” m’a beaucoup plu. En russe, cela signifie : “petit”.
Malinki correspond à mon travail. Non pas dans un sens péjoratif, étriqué ou qui pourrait connoter un manque d’ambition mais dans ce qu’il signifie de meilleur : voir petit, ralentir la production, prendre le temps de faire des choses de qualité pour raviver la beauté d’un objet déjà usagé.

Quels sont les objets que tu ornes ?
J’ai recommencé à dessiner sur des objets. Cela m’a permis d’explorer de nouvelles façons de dessiner et aussi de faire des cadeaux joliment recyclés à mes proches. J’ai d’abord illustré des vases que j’offrais à ma famille. J’ai pu assouvir mes désirs de brocante et atelier de type ressourcerie. Emmaüs, la Croix Rouge, le Secours Populaire… je les connais toute ! Chaque fois que je voyais une objet, une forme, une couleur qui me plaisait, je le prenais. Autant dire que j’ai fait un petit stock !

À en croire tes dessins sous cadre, tu restes également inspirée par le papier ?
Sur un objet, le dessin est plus libre que sur le papier. On doit suivre la contrainte de la forme et j’aime toutes les surfaces. Mais je n’ai pas oublié le papier ! Au fur et à mesure de mes recherches, je suis tombée sur des anciens et beaux papiers, des partitions, des revues d’art… des papiers qui ne sont pas glacés et qui me permettent d’intervenir. Le déclic s’est fait avec une trouvaille : un catalogue d’exposition qui date de 1914. Les impressions sont vraiment belles avec des portraits avec des noirs ultra profond avec simplement du papier cristal. J’avais l’encre sur les doigts. Je me suis mise à re-décorer ces ornements.
Quelle est ta technique ?
Je dessine beaucoup avec des Posca. Sur les vases et les pots, j’applique toujours un vernis pour protéger mes dessins. J’aime travailler les détails, les traits et points très fins. Je suis moins à l’aise au pinceau. Et, la nature est omniprésente. J’aime toutes les possibilités qu’elle m’offre. Certains papiers sont trop fins pour que je puisse y dessiner. J’ai donc commencé à imprimer mes illustrations à moi que je découpe et colle sur ce type de supports “fragiles”.
Chaque pièce est donc unique ?
C’est vrai pour certaines d’entre elles mais je souhaitais aussi pouvoir proposer des petites séries. Comme la gravure est une de mes spécialités, j’ai repris la linogravure récemment. J’ai pu graver des motifs. Ils me servent à reproduire certains de mes dessins, quel que soit le support, pour proposer des séries limitées. Je me sens libre de créer et de ré-inventer !
Cette histoire inspirante vous a été proposée par Gina + Damien
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