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Ouessant, c’est l’île du bout du monde, le rocher des enfers, le morceau de terre appartenant plus aux cieux et à la mer qu’à une réalité continentale.

D ernier bastion du Finistère, avancé comme une curiosité sur la mer d’Iroise, Ouessant offre son innocence aux éléments qui paraissent s’en servir comme autel à la puissance d’Éole, de Zeus et de Poséïdon! « Un peuple de traditions et de piété dont la vie est tissée sur une trame de malheurs …les naufrages », tout un programme digne des romans les plus noirs… Il semble ne pas exister de temps sur cette île du bout du monde, les histoires déferlent sur les familles, sur les femmes de marins comme les vagues emportent les hommes vers des traversées maritimes commerciales autour du monde, bien loin de leur Bretagne ou bien les perdent à jamais dans les limbes de l’oubli. Parfois, certains actes héroïques sauvent des noms du néant, secouent les histoires des hommes pour en faire des symboles, des statues. Ici, même les enterrements n’ont plus rien à voir avec la terre, il existe une tradition, « la proella » ou rapatriement au pays. Le rite est une cérémonie d’enterrement fictif de qui l’on considère comme disparu, donné à la mer. Le patriarche de la famille du mort a donc pour charge de répandre dans l’île la sombre nouvelle toujours en ces termes « Vous êtes avertis qu’il y aura, ce soir, proella chez un tel », jusqu’à ce qu’il parvienne à la porte de la veuve, à la tombée de la nuit. Trois petits coups à la fenêtre de la bâtisse aux murs de pierre et au toit en ardoises. Trois petits tapements préparent le grand choc, la lourde phrase que chaque femme ici a déjà entendue pour son frère, son père, son oncle… « Il y a proella chez toi ce soir, ma pauvre enfant… ». Pendant ce temps, au clair de lune, les Marie Morgane, fées des eaux bretonnes, viennent jouer sur les rivages de sable. Leur activité favorite reste le jeu de la séduction pour attirer les marins, les pêcheurs, sous les flots. Elles volent les vivants aux femmes de l’île, qui elles, élèvent avec foi les moutons métissés aujourd’hui. Autrefois, les « moutons d’Ouessant » étaient endémiques à l’île, moutons à la peau noire et à la laine souvent sombre. Les Ouessantaises tissent cette laine et cultivent les champs également, l’île appartient aux bourrasques et aux femmes, la mer est son berceau. Cinq pêcheurs professionnels naviguent aux abords de l’île, comme des sentinelles, pour ensuite vendre leur poisson à Brest et à Ouessant pour la consommation des îliens, mais aussi des touristes. Au-delà de l’image d’Épinal, le tourisme se développe doucement sur les richesses de l’île. Il y a de la demande pour retrouver une authenticité, une qualité de vie, le temps d’un séjour. Les infrastructures se mettent en place dans le respect du lieu, de son aménagement et dans le respect de sa magie. Venir à Ouessant ce n’est pas un voyage, c’est une expérience

Par : Stéphane Lemaire // Photos : rons_9 , Arash Derambarsh Flickr Licence Creative Commons

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